Evaluation des différentes options thérapeutiques pour la prise en charge des corps flottants symptomatiques : vitréolyse et vitrectomie
Assessment of vitreous floaters treatments options : vitreolysis and vitrectomy
Lafontaine PO ; May A. Chambery
Introduction :
Les corps flottants sont une cause fréquente de consultation. La symptomatologie habituellement régressive en quelques semaines entraine un fort retentissement sur la qualité de vie quand elle persiste. Dans ce cas la vitrectomie a longtemps été la seule possibilité thérapeutique. La dernière génération de laser Yag permet de ré-envisager la vitréolyse. Notamment chez les sujets phakes et certains patients suffisamment gênés pour envisager un traitement mais pour lesquels la vitrectomie est contre indiquée ou apparait d’emblée trop agressive. Disposant de l’ensemble des possibilités thérapeutiques nous avons étudié rétrospectivement notre utilisation des différentes options et la satisfaction du patient pour chacune d’entre elle.
Matériel et Méthode : Nous avons étudié rétrospectivement sur 8 mois (mars à octobre 2017) l’ensemble des patients pris en charge pour corps flottants par un rétinologue. Nous avons séparé les patients venant pour des corps flottants en direct (« direct ») et les patients référés (« référés ») par leur ophtalmologiste traitant pour une prise en charge thérapeutique. Un traitement n’est proposé au patient que si les symptômes sont présents depuis au moins 4 mois et si une gêne, suffisante et constante, persiste. Les patients pour lesquels un traitement (vitrectomie ou vitréolyse laser) a été envisagé ont tous eu un examen ophtalmologique complet comprenant au minimum : acuité visuelle, examen à la lampe à fente, fond d’œil au verre à 3 miroirs et à la lentille de Singh, OCT maculo-papillaire, ainsi qu’une évaluation de la gêne globale sur une échelle visuelle analogique (EVA de 0 aucune gêne à 10 gêne maximale). Les mêmes examens ont été réalisés après le traitement.
Résultats : 92 patients ont été accueillis pour une symptomatologie de corps flottants, dont 12 référés spécifiquement pour prise en charge thérapeutique. Parmi les patients « directs » seul 9 sont revenus après 4 mois et 6 traités. Parmi les patients « référés » 9 ont été traités (3 en surveillance). Il a donc été proposé un traitement à 15 patients et 17 yeux (14 vitréolyses, 3 vitrectomies d’emblées). Les vitrectomies d’emblées ont été proposées du fait soit d’une hyaloïdopathie astéroïde gênante soit d’un corps flottant rétrocristallinien soit de corps flottants nombreux et diffus. Parmi les 14 vitréolyses (Age moyen 62 ans) 9 pseudophakes et 5 phakes. Deux patients du groupe vitréolyse ont eu secondairement une vitrectomie l’un pour un corps flottant trop proche de la rétine, l’autre pour un corps flottant trop volumineux. Les autres ont eu une amélioration en 1,54 séance en moyenne, significative de l’EVA (baisse moyenne de 4,3). Aucun effet secondaire notable. Parmi les 5 vitrectomies (Age moyen 65 ans) 4 pseudophakes et 1 phake, amélioration significative à l’EVA (baisse moyenne de 7,3) et aucune complication.
Discussion : Le nombre de patients demandeurs d’une prise en charge thérapeutique est faible après la période du DPV aigu. Moins de 10% des patients reconsultent à 4 mois pour des corps flottants persistants. Après 4 mois en revanche 60% (directs) à 75%(référés) des patients optent pour une prise en charge thérapeutique. Quelle que soit la technique utilisée, le résultat subjectif pour le patient est bon, un peu meilleur pour la vitrectomie. Mais nous avons privilégié la vitréolyse en premier recours pour les phakes, pour éviter la cataracte secondaire. Nous n’avons pas eu de complication ni d’effet secondaire sur cette courte série.
Conclusion : Vitrectomie et vitréolyse sont efficaces pour soulager les patients. La vitréolyse est une option pour certains patients notamment phakes ou chez qui la vitrectomie semble disproportionnée.